http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/echelon.htm
http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/emploi.htm

Les deux principales caractéristiques d'Echelon sont sa puissance et sa souplesse. Puissance d'interception grâce à des satellites
espions dans l'espace (qui captent notamment les communications relayés par le réseau Intelsat) et grâce à des systèmes
d'écoute des télécommunications terrestres répartis à travers le monde. Seconde caractéristique : la souplesse, avec la mise en
réseau de tous les moyens d'espionnage électronique et grâce au traitement par ordinateur des flots d'information recueillis. Il
est donc possible de cibler précisément ce que l'on veut écouter (le site d'une conférence internationale, un immeuble, un
quartier, une ville, une région ou même l'ensemble des télécommunications mondiales).
 
Le réseau Echelon peut intercepter plusieurs millions de conversations à chaque minute à travers le monde et il est capable
d'identifier parmi elles celles qui traitent d'un sujet particulier. Les ordinateurs de la NSA équipés de logiciels de reconnaissance
vocale peuvent repérer si un mot précis est prononcé (nom d'une personne, d'une entreprise ou d'un lieu par exemple). Les
mots-clés ainsi recherchés figurent dans des " dictionnaires " informatiques réactualisés chaque jour par les services secrets en
fonction de leurs priorités du moment. En outre, des logiciels d’analyse sémantique peuvent également identifier une
conversation où un sujet serait abordé à mots couverts.
 
Les agences de renseignement de cinq pays anglo-saxons participent à ce réseau conçu et géré par les Etats-Unis : la NSA
(National Security Agency) pour les Etats-Unis, le GCHQ (Governement Communications Headquarters) pour la
Grande-Bretagne, le CSE (Communications Security Establishment) pour le Canada, le DSD (Defense Signals Directorate)
pour l'Australie et le GCSB (Governement Communications Security Bureau) pour la Nouvelle-Zélande
 

Sources RFI

Compilation réalisée par La croisée des chemins, Paris
Sources : RFI, AFP, Reuters, EU, Zdnet, presse, associations
http://cdcp.free.fr  Email : cdcp@free.fr
 
PUISSANCES SECRETES

ECHELON :
Les grandes oreilles américaines

Les Etats-Unis et quatre de leurs alliés privilégiés ont déployé un gigantesque réseau d'écoute électronique capable
d'intercepter les télécommunications du monde entier. Depuis la fin de la guerre froide, ce dispositif ultra secret
connu sous le nom d'Echelon est de plus en plus utilisé pour des opérations d'espionnage économique.
 

                      Une base du réseau Echelon (Menwith Hill, GB) Cliquer sur l’image
http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/emploi.htm

Toutes nos conversations téléphoniques (dont fax, emails, GSM, internet) sont écoutées par des oreilles indiscrètes et
automatiquement triées par des ordinateurs ultra-puissants. La fiction de George Orwell, et son Big Brother omniprésent, est
largement dépassée par la réalité. Les services secrets américains et leurs associés britanniques, canadiens, australiens et
néo-zélandais disposent avec le réseau Echelon des plus grandes oreilles du monde.
 

Une étude commandée par le Parlement européen le confirme : "toutes les communications électroniques,
téléphoniques et par fax en Europe sont quotidiennement interceptées par la NSA des États-Unis". La NSA (National
Security Agency), la branche la plus secrète et la plus puissante des services de renseignement américains dispose de satellites
espions et de stations terrestres qui lui permettent d'écouter toutes les télécommunications en Europe mais aussi sur l'ensemble
de la planète. Ce réseau espion est connu sous le nom d'Echelon, même s'il a sans doute été rebaptisé depuis les premières
révélations sur son existence.[http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/12-02.htm]

Le réseau Echelon reste l'un des secrets les mieux protégés par l'espionnage américain. Sa date de naissance précise, par
exemple, est inconnue. Une certitude cependant : ce réseau mondial d'espionnage vise principalement aujourd'hui des cibles
non-militaires : gouvernements, organisations, entreprises, associations ou particuliers.

Les sujets dignes d'intérêt pour ce réseau espion sont définis par les cinq pays qui participent à son fonctionnement sur la base
du pacte UKUSA. Cet accord organise la répartition des taches entre les pays signataires : Etats-Unis, Grande-Bretagne,
Canada, Australie et Nouvelle-Zélande.

Orientés à l'origine vers l'écoute des communications radios des armées des pays communistes, les moyens techniques mis en
œuvre dans le cadre du pacte UKUSA n'ont cessé de s'accroître et de se sophistiquer. Lorsque le mur de Berlin est tombé, les
objectifs stratégiques des Etats-Unis ont été redéfinis. L'ennemi communiste ayant disparu, "la conquête des marchés
mondiaux est désormais la nouvelle frontière pour les Américains", constate l'Amiral Pierre Lacoste, ancien patron des
services secrets français.

Ainsi le réseau Echelon a été mis à contribution lors des négociations du GATT sur le commerce mondial, mais les centres
d'intérêt concernent également des organisations comme Amnesty International ou Greenpeace. Où commencent et où
s'arrêtent les opérations d'espionnage du réseau Echelon? Qui contrôle réellement les activités du plus vaste système de
renseignement jamais créé à ce jour? Deux questions qui préoccupent quotidiennement les gouvernements et les grandes
entreprises.

                              Extrait d’une publication de Philippe Couve et Gilles Raillard (Radio France Internationnal)

   L'histoire du réseau ECHELON
 

1947/48 - Le pacte UKUSA est prorogé. Ce pacte secret conclu, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre la
Grande-Bretagne et les Etats-Unis, organise la collaboration des services de renseignement des deux pays dans le domaine de
l'espionnage des télécommunications. Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande se joignent à ce pacte de coopération et d
'échange des informations recueillies. Cibles principales : l'URSS et les pays communistes.
 
1952 - Aux Etats-Unis, création de la NSA (National Security Agency)http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/nsa.htm par une directive du président Truman. La NSA est
chargée, au sein des services de renseignement, des opérations SIGINT (signal intelligence), c'est à dire de l'espionnage
électromagnétique (surveillance des liaisons radios, des émissions radar, des télécommunications, etc.) et de la conception des
systèmes de codage et de cryptage destinés à assurer la confidentialité des communications du gouvernement, des diplomates
et des militaires américains.
 
1966 - La NSA prend le contrôle de la base de Menwith Hill (nord de l'Angleterre) http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/base.htm qui était jusque là dirigée par l'armée
américaine. Elle en fera la plus grande station d'interception du monde.
 
1985/87 - Projet de création d'un réseau mondial de surveillance des télécommunications révélé par le journaliste britannique
Duncan Campbell http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/dc.htm Le principe du projet F 415 est de relier entre elles, grâce à de puissants ordinateurs, les différentes bases
d'interception des pays du pacte UKUSA qui sont disséminées à travers le monde.
 
1989 - La chute du mur de Berlin entraîne la redéfinition des priorités stratégiques des Etats-Unis. La conquête des marchés
mondiaux est désormais l'objectif majeur.
 
1996 - Le néo-zélandais Nicky Hager met en évidence l'existence et le fonctionnement du plus grand réseau d'espionnage des
communications jamais conçu. Il dévoile ce réseau baptisé "Echelon" dans un livre intitulé "Secret power".
 
1998 - Une étude commandée par le Parlement européen souligne les dangers que fait peser l'activité de ce réseau sur les pays
de l'Union européenne et sur leurs entreprises.
 
 

   Les grandes affaires

 
   Malgré le culte du secret que cultive la NSA, son nom apparaît parfois au cours d'affaires d'espionnage, mais
   la majeure partie des activités de l'agence reste dans l'ombre.
 
1990 - La NSA intercepte les communications entre le fabricant japonais de satellites NEC et l'Indonésie pour la fourniture
d'un contrat de 200 millions de dollars. Le président Bush intervient auprès de Djakarta. Le contrat sera partagé entre NEC et
l'américain ATT.
 
1990 - Inauguration des nouveaux locaux de l'ambassade de Chine en Australie. Lors de la construction du bâtiment, des
agents américains ont installé de multiples micros et des systèmes de surveillance des communications dans tous les murs. Les
informations recueillies sont transmises directement par satellite au quartier général de la NSA dans le Maryland aux États-Unis.
 
1991 - Plus de 12 tonnes de cocaïne sont saisies grâce aux informations fournies par la NSA qui intercepte, à partir du
Venezuela, toutes les communications des membres du cartel de Cali.
 
1992-93 - La NSA espionne les communications des officiels mexicains qui négocient l'ALENA (Accord de Libre-Echange
Nord-Américain) avec les États-Unis et le Canada.
 
1993 - Au cours du sommet de l'APEC (forum de coopération Asie-Pacifique), la NSA et le FBI installent des équipements
capables d'écouter les communications des 15 dirigeants des pays de la zone Asie-Pacifique conviés à Seattle aux Etats-Unis
par Bill Clinton. Certaines informations collectées semble avoir été transmises à des chefs d'entreprises qui ont financé la
campagne électorale du président américain.
 
1994 - Lors du bras de fer entre les Etats-Unis et l'Union européenne dans les négociations du GATT, le réseau Echelon est
utilisé par Washington pour connaître la position de chacun des 15 pays de l'UE et la stratégie de la Commission européenne.
Des consignes seront données aux fonctionnaires de Bruxelles leur demandant de ne pas utiliser le courrier électronique, dont
l'usage commence à se généraliser, pour transmettre des informations sensibles.
 
1994 - Interception des négociations entre le fabricant français de radars Thomson-CSF et les autorités brésiliennes. C'est
finalement la firme américaine Raytheon qui décrochera le contrat pour assurer la couverture radar de l'Amazonie.
 
1994 - La NSA intercepte les coups de téléphone et les fax entre Airbus et les autorités saoudiennes. Le contrat de 6 milliards
de dollars sera décroché par Boeing.
 
1998 - La NSA aurait infiltré des agents au sein de la mission de désarmement de l'ONU en Irak. Leur mission : installer de
petits systèmes d'interception pour capter les communications de Saddam Hussein et de l'état-major irakien.
 
 
Voir aussi : Actualités Echelon
http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/actu_ech.htm
 
   Les liens (validité des adresses sous réserve)
 
Les sites francophones :
<http://www.europarl.eu.int/dg4/stoa/fr/publi/166499/execsum.htm>
Le texte (version courte) du rapport commandé par le Parlement européen au sujet des technologies de contrôle politique et
qui aborde le problème du réseau Echelon.
<http://www.indigo-net.com/lmr.html>
Le site de la lettre confidentielle "Le monde du renseignement". Très bien informé sur l'actualité des services secrets en France
et dans le monde. (payant)
 
Les sites anglophones :
<http://caq.com>
Le site du magazine Covert Action Quarterly. Se penche sur l'actualité du renseignement et les débats qui agitent les services
secrets. Très complet. Ce site propose des extraits du livre de Nicky Hager qui décrit le fonctionnement du réseau Echelon :
"Secret power"
<http://www.gn.apc.org/cndyorks/mhs/index.htm>
Le site des adversaires de la base de Menwith Hill. Présente l'historique précis de la lutte engagée pour faire la lumière sur les
activités de la plus grande station d'espionnage du monde. Une mine d'informations.
<http://www.networx.com.au/home/slider/Pine-Gap.htm>
Le site des opposants à la base jumelle de Menwith Hill à Pine Gap en Australie.
http://www.icdc.com/~paulwolf/echelon.htm <http://www.icdc.com/%7Epaulwolf/echelon.htm>
Paul Wolf tient à jour sur son site une liste très complète des articles de la presse internationale (anglophone) consacrés à
Echelon.
http://www.qainfo.se/~lb/echelon.htm <http://www.qainfo.se/%7Elb/echelon.htm>
Ce site suédois propose lui aussi une liste d'articles consacrés à Echelon.
<http://www.privacy.org/>
Le site très complet de l'organisation Privacy International qui dénonce les atteintes à la vie privée commises par le réseau
Echelon.
<http://www.sni.net/menwith/>
Le site des anciens de la NSA qui ont servi à Menwith Hill dans les années 60. Souvenirs du bon vieux temps
 
 ************************
http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/actu_ech.htm

Compilation : La croisée des chemins, Paris
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                                Actualités ECHELON
 
Jeudi 24 Février 2000

Echelon déchaîne les passions, pas l'action

L'apparition au grand jour du réseau d'espionnage anglo-saxon Echelon a réveillé les ardeurs belliqueuses de nombreux
députés en Europe. Sans guère convaincre les autorités des dangers du système.
Ce mercredi, dans le cadre des questions au gouvernement, le député MDC George Sarre a interpellé la garde des Sceaux,
Elisabeth Guigou. Il lui a demandé quelles initiatives comptaient prendre le président de la République, le gouvernement et
l'Union européenne. Sans obtenir de réponse claire de la ministre, qui a avant tout mis en avant la libéralisation des outils de
cryptographie décidée précédemment par le gouvernement Jospin.
Quant aux soupçons sur les dérives commerciales d'Echelon, Elisabeth Guigou n'a pu que déclarer : « Il semble que ce réseau
soit utilisé à des fins d'espionnage économique. » Des déclarations entrecoupées d'exclamations, vitupérations et autres
applaudissements des députés présents, dont un groupe de députés RPR appelant carrément à la guerre !
Au même moment, le Parlement européen prenait connaissance de rapports rédigés par le STOA (Scientific and
Technological Options Assesment). Là aussi, face à l'énervement ambiant, la réaction des autorités a avant tout été marquée
par le doute.
Dans le Wall Street Journal, le commissaire européen en charge du marché unique, Frits Bolkenstein, a qualifié de
« rumeurs » le fait qu'Echelon puisse servir l'espionnage commercial. C'est surtout la menace sur les libertés individuelles que
fait courir un tel système qui semble préoccuper les autorités européennes.
Par Ludovic Nachury de 01 Informatique
 

Jeudi 24 Février 2000

Système Echelon: Washington nie tout espionnage industriel

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis nient avoir utilisé le système d'écoutes et de surveillance Echelon à des fins
d'espionnage industriel pour le compte d'entreprises américaine.
Ce système, mis en place pendant la Guerre froide, permet aux Etats-Unis et à leurs alliés - la Grande-Bretagne, le Canada,
l'Australie et la Nouvelle- Zélande - d'enregistrer et de trier des millions de communications électroniques (par téléphone,
télécopie ou courrier électronique).
Selon un rapport remis au Parlement européen, ce système aurait aidé des entreprises américaines à remporter des contrats au
détriment de sociétés européennes.
"L'Agence nationale de sécurité n'est pas autorisée à transmettre des informations secrètes à des firmes privées", a déclaré le
porte-parole du département d'Etat, James Rubin.
Pressé de question par les journalistes, il a refusé de se prononcer sur les accusations lancées en Europe mais a souligné que les
agences américaines du renseignement obéissaient à la loi et qu'elles "n'ont pas pour mission de faire de l'espionnage industriel
ou d'obtenir des secrets commerciaux pour le bénéfice de compagnies américaines".
 
 
Mercredi 23 Février 2000 19:00 (AFP)

Interrogations sur le réseau Echelon au Parlement européen +
DECLARATIONS ELISABETH GUIGOU, TONY BLAIR, NICOLE
FONTAINE

BRUXELLES, 23 fév (AFP) - L'existence et l'activité du réseau anglo-saxon Echelon d'espionnage de télécommunications au
niveau mondial, avec des visées économiques et commerciales selon un spécialiste, a été au centre d'une audition publique au
Parlement européen, mercredi à Bruxelles.
Invité vedette de la commission des libertés, le journaliste britannique Duncan Campbell est venu présenter aux parlementaires
un résumé du rapport sur Echelon qu'il a réalisé pour les services du Parlement.
"De nouvelles preuves sont apparues" sur l'existence d'Echelon, depuis les précédentes informations de 1998, a affirmé d'entrée
M. Campbell. "Une partie de la vocation de ces installations est commerciale", a-t-il dit, en insistant sur cet aspect, alors que les
gouvernements font traditionnellement valoir des impératifs de défense.
Selon l'étude, le réseau Echelon permet d'intercepter dans le monde entier les communications transmises par voie satellitaire,
qu'il s'agisse de messages téléphoniques, de fax ou du courrier électronique via internet. Le document mentionne plusieurs
firmes, comme Thomson CSF ou Airbus Industries, qui auraient été victimes d'espionnage économique.
Le débat au Parlement européen a suscité de nombreux échos en Europe.
En France, la ministre de la Justice Elisabeth Guigou a admis que le réseau avait été "détourné à des fins d'espionnage
économique et de veille concurrentielle". Elle a révélé que les entreprises françaises ont été autorisées à coder leurs informations
sensibles. Le député Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, s'est prononcé pour une mission d'information parlementaire.
En Belgique, le ministre des Affaires étrangères Louis Michel a estimé que si l'existence d'Echelon était bien confirmée, il
s'agirait d'une "situation inacceptable".
De son côté, le Premier ministre britannique Tony Blair a assuré que le Royaume Uni n'avait pas trahi ses partenaires européens
en collaborant avec les Etats-Unis dans Echelon.
Echelon existe depuis les années 1970 et a été fortement étendu de 1975 à 1995, selon l'étude de Duncan Campbell. Le
système a été développé dans le cadre d'un accord secret de coopération en matière d'espionnage des communications passé
en 1947 entre les Etats-Unis et le Royaume Uni, rejoints plus tard par le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
L'existence de cet accord, baptisé UKUSA, a été reconnu en mars 1999 par le gouvernement australien, selon M. Campbell.
Les milliers de données recueillies sont ensuite triées par des ordinateurs puissants, à la fois par origine et selon un système de
mots clés, a expliqué Duncan Campbell aux parlementaires. Un milliard de messages pourraient être ainsi interceptés en une
demi-heure, puis filtrés pour en extraire quelques uns jugés intéressants. Du côté américain, les données sont traités au niveau
gouvernemental par la National security agency (NSA).
Les activités d'espionnage des communications constituent "la dernière zone grise où les Etats fonctionnent à l'écart de la loi", a
estimé Duncan Campbell.
Les parlementaires de la commission des libertés se sont unanimement inquiétés du contenu du document. Il appartient
maintenant aux groupes politiques du PE de donner une suite à l'audition de mercredi: la Commission et le Conseil des ministres
de l'UE pourraient être invités à venir s'expliquer rapidement devant le Parlement européen et cette fois en séance plénière.
La présidente du Parlement européen, Nicole Fontaine, s'est déclarée "scandalisée" que l'espionnage via Echelon "n'ait pas
donné lieu à des protestations officielles". "Il semble établi qu'il y a eu violation des droits fondamentaux des citoyens" et
"l'espionnage économique a pu avoir des conséquences désastreuses, par exemple sur l'emploi", a-t-elle dit.
 
 
 
Mercredi 23 Février 2000

L'Union européenne sommée de contrer l'espionnage américain

BRUXELLES (Reuters) - Le Parlement européen exhorte les autorités de l'Union à prendre des mesures, notamment de
cryptage, pour empêcher les Etats-Unis d'espionner les télécommunications européennes à des fins économiques.
L'expert britannique Duncan Campbell a présenté à Bruxelles, devant les députés de la commission des libertés et des droits
des citoyens, de la justice et des affaires intérieures du Parlement, un rapport qui date de plusieurs mois déjà.
Les Etats-Unis et leurs alliés britanniques ont, a-t-il dit, développé dans le cadre de leur accord UKUSA, qui date de 1970, le
système Echelon qui permet à la National Security Agency (NSA) d'intercepter toutes les communications électroniques,
comme le téléphone, les télécopies ou le courrier électronique.
Des moyens colossaux - un budget estimé de 15 à 20 milliards d'euros par an, 140 satellites et des bases d'écoute partout
dans le monde "anglo-saxon" - permettent aux Etats-Unis et à leurs alliés d'enregistrer et de trier des millions de
communications grâce à l'intelligence artificielle.
L'objectif avoué de cette organisation née de la guerre froide est de lutter contre le terrorisme ou la grande criminalité, le
blanchiment de l'argent et le trafic de drogue.
Mais Duncan Campbell estime que les Etats-Unis ont utilisé Echelon pour pratiquer de l'espionnage économique et industriel
non seulement de la Russie ou de la Chine, mais aussi de leurs alliés européens, comme la France et l'Allemagne.
 
"Mauvais film"
 
Il affirme ainsi que le consortium Airbus a perdu en 1994 un contrat de vente à l'Arabie Saoudite parce que son concurrent
américain McDonnell-Douglas avait pu présenter une offre inférieure grâce aux informations fournies par la NSA.
Les choses risquent même d'empirer pour les Européens puisque, selon Duncan Campbell, les logiciels vendus par le géant
informatique américain Microsoft sont trafiqués pour que leurs utilisateurs puissent être aisément piratés par la NSA.
En outre, les Etats-Unis essayent de convaincre les Européens d'adopter le système américain de cryptage des
télécommunications afin de pouvoir plus aisément les décrypter.
"Quand j'ai lu cela, j'ai cru voir un mauvais film", a dit le député chrétien-démocrate allemand Christian von Boetticher.
Mais ces allégations ont suscité un début de polémique.
Duncan Campbell, un journaliste basé à Edimbourg, estime en effet qu'il n'existe plus aucun doute sur l'existence d'un immense
réseau d'espionnage économique au détriment de l'Europe.
"Nous avons les preuves", a-t-il dit devant la commission. "La chose est maintenant établie au-delà de tout doute".
Mais ses sources, très souvent indirectes, sont pour l'essentiel des articles de journaux ou des livres, ce qui amène la
Commission européenne à se montrer prudente avant d'accuser les Américains d'utiliser Echelon pour l'espionnage
économique.
"C'est seulement une rumeur et je ne m'occupe pas de rumeurs, je m'occupe de faits", a souligné devant la commission
parlementaire le commissaire européen au Marché intérieur, Frits Bolkestein. "Le gouvernement américain a démenti".
 
Une commission d'enquête ?
 
Mais, même si beaucoup de députés se sont interrogés sur l'absence de preuves formelles dans le rapport, ils estiment que la
Commission ne peut ainsi balayer d'un geste de la main des informations à laquelle tous croient dur comme fer.
Paul Lannoye, le chef du groupe des Verts européens, a annoncé qu'il allait demander la constitution d'une commission
d'enquête parlementaire, notamment parce qu'un Etat membre - le Royaume-Uni - est éclaboussé par ces allégations.
"Echelon, un système d'espionnage complètement incontrôlé et illégal géré par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs
autres pays, pose une menace claire aux libertés civiles et à l'économie européenne", a-t-il souligné en annonçant qu'il
commençait la collecte des 160 signatures nécessaires.
La Commission européenne et le Conseil des ministres de l'UE seront interpellés dès le 30 mars 2000 lors de la session
plénière. Les députés espèrent ainsi inciter la Commission européenne et les Etats membres de l'UE à se protéger des "grandes
oreilles" américaines en adoptant toute une série de mesures.
La tâche devrait être plus facile qu'il n'y paraît.
Depuis le milieu des années 1990, les agences de renseignement éprouvent de plus en plus de difficultés en raison de l'utilisation
de fibres optiques à haute capacité, qui obligent les espions à avoir un accès physique aux câbles.
La prolifération des nouveaux systèmes impliquera en outre une explosion des dépenses d'interception, tandis que l'avance dont
disposaient les agences de renseignement en matière informatique a tendance à disparaître avec les progrès.
Le cryptage prend de l'ampleur, notamment grâce à l'expansion d’internet, même si les agences de renseignement consacrent
tous leurs efforts à retarder ce phénomène qui risque de les priver de l'essentiel de leurs informations.
 
 
 
Mardi 22 Février 2000 20:00 (AFP)

Débat au Parlement Européen sur la protection des données,
Echelon au programme mercredi

BRUXELLES, 22 fév (AFP) - Les députés européens ont entamé mardi un débat de deux jours sur la protection des données
et l'application de la législation dans l'UE, au cours duquel ils évoqueront mercredi le dossier du réseau Echelon d'interception
de télécommunications opéré par les Américains.
Devant la commission des libertés et des droits des citoyens, le commissaire européen chargé du marché intérieur, Frits
Bolkestein, a assuré que l'objectif de la législation européenne sur la protection des données était de "promouvoir un droit
fondamental, le droit à la vie privée".
Il a souligné qu'il s'agit parallèlement d'"assurer que nos opérateurs économiques ont un cadre légalement sûr pour opérer".
M. Bolkestein a observé que l'un des principales difficultés tenait à la limite géographique d'application d'une directive -l'Union
européenne- alors qu'un réseau mondial comme internet est ouvert.
"Les données personnelles transférées d'un pays à un autre doivent toujours bénéficier d'un niveau de protection adéquat au
niveau prévu par la directive, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Union", a-t-il affirmé.
Dans l'UE, la responsabilité en revient aux Etats membres, a souligné M. Bolkestein. Et le commissaire a rappelé à ce propos
que la Commission avait décidé de traduire devant la Cour de justice européenne 6 Etats membres qui n'ont pas correctement
appliqué la directive (France, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Irlande, Danemark).
S'agissant des pays tiers, les négociations sont avancées avec les Etats-Unis et des contacts ont été pris avec le Canada, la
Nouvelle-Zélande, l'Australie et le Japon, ainsi qu'avec les pays candidats et ceux de l'Espace économique européen.
La directive sur la protection des données est entrée en vigueur le 25 octobre 1998.
L'audition se poursuivra mercredi sur la protection des citoyens face aux autorités publiques, ainsi que sur le dossier Echelon,
du nom d'un réseau d'interception de télécommunications qui serait utilisé par les services de renseignements américains.
Les eurodéputés devraient débattre d'une étude établie à la demande du Parlement sur le problème des interceptions de
télécommunications. Le Britannique Duncan Campbell auteur d'une enquête sur Echelon sera entendu par la commission
parlementaire.
En septembre 1998 déjà, le Parlement européen avait consacré un débat à Echelon. Interrogé alors par les eurodéputés, le
commissaire européen à l'Industrie de l'époque, Martin Bangemann, avait déclaré ne pas être officiellement informé de son
existence.
Selon une étude réalisée pour le PE et présentée lors de ce premier débat, le réseau Echelon aurait été mis en place dès 1948
dans le contexte de la guerre froide par un accord entre les Etats-Unis et le Royaume Uni.
Interrogé mardi sur Echelon, M. Bolkestein a parlé de "rumeurs", précisant que ses connaissances étaient "maigres" en la
matière dans la mesure ce dossier ne relevait pas de sa compétence à la Commission.
"Echelon" permet d'intercepter les transmissions militaires et civiles par satellites et câbles sous-marins des appels
téléphoniques, des télécopies ou encore du courrier électronique (internet).
 
**************
NSA (National Security Agency)http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/nsa.htm

La NSA : des espions au secret
 
A la NSA (National Security Agency), on ne craint qu'une chose : la publicité. Lorsque le nom de l'agence la
plus secrète des services secrets américains a été évoqué publiquement le mois dernier, les oreilles des
20.000 employés de son quartier général ont dû siffler à Fort Meade dans l'Etat du Maryland aux Etats-Unis. La
NSA était montrée du doigt dans la presse pour avoir profité de la mission des inspecteurs en désarmement
de l'ONU en Irak pour espionner les communications de Saddam Hussein et des principaux responsables
politiques et militaires du pays. Or la NSA a pour règle d'or de rester dans l'ombre quoi qu'il advienne. Ne
dit-on pas dans le milieu du renseignement que le sigle NSA signifie " no such agency " (cette agence n'existe
pas) ou " never say anything " (ne dites jamais rien).
 
Et pourtant la NSA existe. Créée en 1952, cette agence est chargée de l'espionnage des télécommunications
et de la mise au point des systèmes de codage et de cryptage destinés à garantir la confidentialité des
messages envoyés par le gouvernement, les diplomates et les militaires américains. Mais la NSA se doit de
rester discrète, voire invisible. Pourtant, son budget est supérieur à celui de la CIA. Elle coûte, selon certaines
estimations, entre 4 et 6 milliards de dollars par an aux contribuables américains.
 
Avec la fin de la guerre froide, l'agence, comme tous les services secrets, a dû revoir ses priorités. En tête de
la liste des personnalités à écouter, la nomenklatura russe a laissé la place aux hommes forts du Moyen-Orient
et des Balkans, aux groupes terroristes, aux trafiquants de drogue et aux hommes d'affaires européens ou
japonais.
 
Les cibles ont changé mais l'objectif reste le même : fournir le maximum d'informations précises à
l'administration américaine. Et elle n'a pas à s'en plaindre si l'on en croit le prédécesseur de Bill Clinton. Avant
de passer le relais, George Bush a tenu à rendre hommage aux hommes de la NSA. Aux commandes à la
Maison Blanche au moment de la chute du mur de Berlin, de l'invasion du Koweit puis de la guerre du Golfe, il
souligne publiquement ce jour là que "les écoutes sont un facteur essentiel dans les décisions de politique
internationale" .
 
A Fort Meade, à mi-chemin entre Washington et Baltimore, le quartier général de la NSA est à peine moins
vaste que le Pentagone. Environ 20.000 personnes y travaillent tandis que plusieurs milliers d'autres opèrent à
partir des sites d’interceptions disséminés à travers la planète. Derrière les vitres-miroir des bureaux, on
s'active pour décoder, traduire, et analyser les messages captés par les satellites espions ou les installations
au sol.
 
On trouve ici la plus forte concentration de mathématiciens de haut niveau au mètre carré. La NSA embauche
chaque année entre 40 et 60 docteurs es mathématiques et elle multiplie les appels du pied en direction des
étudiants américains de la discipline pour qu'ils rejoignent ses rangs. Et l'agence a de quoi les attirer. Outre
qu'elle leur propose de "participer à la défense des Etats-Unis", elle dispose de l'un des plus grands parcs de
super-ordinateurs : les fameux Cray qui font rêver tous les scientifiques de la planète pour leur phénoménale
puissance de calcul. Mais pour entrer à la NSA, les candidats doivent accepter de signer un engagement
formel : tout, absolument tout, de leurs activités devra rester secret, ils ne seront pas autorisés à en parler
même une fois qu'ils auront atteint l'âge de la retraite.
 
 
 La NSA fait un petit pas en arrière et ouvre un marché de niche
 

La National Security Agency a décidé de livrer les codes de deux de ses principaux outils de
chiffrement. Un geste dont la portée idéologique, dans le conflit qui oppose l’agence aux partisans
d’une cryptologie libre, pèse davantage que les enjeux technologiques et commerciaux revendiqués.

La National Security Agency (NSA) a livré les algorithmes de deux des systèmes de cryptage destinés à
rendre possible d’une part l’interception de messages par l’agence et d’autre part le chiffrement des données
gouvernementales. Le système de clef de chiffrement des messages gouvernementaux est ainsi rendu
disponible au public et surtout aux industriels afin que ces derniers puissent tenter de le commercialiser, ce
que n’avait pu faire la NSA compte tenu de la lourdeur du système. L’autre algorithme, le Skipjack, est celui du
fameux clipper chip, cette puce que la NSA voulait voir installée dans tous les produits de
communication réseau afin de se ménager une porte d’accès réservée mais qui n’a jamais pu être
imposé dans le cadre du Freedom of Information Act (disponible sur le site de la NSA,(www.nsa.gov:8080/).

Les deux algorithmes sont par ailleurs au cœur de Fortezza, le système de carte à puce pour l’accès aux
services de messagerie des services gouvernementaux et du ministère de la Défense américaine.

Perspectives commerciales

A l’origine, la NSA gardait le secret sur ces algorithmes, arguant du fait que leur divulgation représenterait une
menace pour la sécurité de l’Etat. Ce revirement montre que ces algorithmes n’ont plus d’intérêts
stratégiques pour l’agence et laisse penser que la NSA a réussi à contourner le problème autrement.
Quoiqu’il en soit, disposer des algorithmes ne signifie nullement être en mesure de percer les secrets
gouvernementaux puisqu’il faut encore être en possession des clefs secrètes.

Les spécialistes américains du chiffrement font remarquer que l’algorithme du clipper chip est “ très lent ” et de
fait dangereux, puisque facile à identifier. Même si ces deux algorithmes entrent dans la catégorie des clefs
nécessitant une autorisation du département du Commerce pour être exportés (le Skipjack étant d’une
longueur de 80 bits, et la clef de cryptage étant de 1024 bits, donc tous deux supérieurs aux 56 bits légaux), les
industriels devraient pouvoir développer, à partir de ces codes, des produits compatibles avec le système
Fortezza. En dehors de cette perspective, la viabilité commerciale de ces algorithmes est largement
compromise par la lourdeur de l’écriture de ces algorithmes.

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http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/dc.htm

Trois questions à Duncan Campbell
 
Journaliste indépendant, Duncan Campbell travaille depuis plus de 20 ans sur les questions liées à l'utilisation des
nouvelles technologies par les services de renseignement. En 1988, il fut le premier à détailler le projet
américano-britannique de réseau mondial d'espionnage des télécommunications. Interview pour Radio France
International.
 
RFI : Comment avez-vous découvert le réseau Echelon ?
Duncan Campbell : En 1987/88, j'ai rencontré un certain nombre de personnes très au fait de cette question. Je ne peux pas
vous dire de qui il s'agit, mais j'ai appris qu'il existait un projet pour développer une sorte de système mondial de surveillance
des communications. Ce système, à l'époque, était appelé "projet 415". J'ai écrit un long article là-dessus dans Statewatch, un
magazine britannique. Quelques années plus tard, un ami néo-zélandais, Nicky Hager, a eu l'idée d'enquêter sur ce qui se
passait chez lui dans la mesure où ce petit pays fait partie de l'alliance anglo-saxonne des agences de renseignement en vertu du
pacte UKUSA. Or la Nouvelle-Zélande fournit une partie du système de surveillance des communications mondiales, même s'il
s'agit que d'une petite partie, essentiellement dans le Pacifique sud.
 
RFI : Quelles sont les révélations apportées par Nicky Hager ?
D.C. : Nicky Hager a pu avoir accès à de très bonnes sources et il a appris que le système Echelon a été mis en place et qu'il
fonctionne en Nouvelle-Zélande. Il a également pu rapporter beaucoup d'informations très détaillées que je ne connaissais pas.
Par exemple, sur le fonctionnement du système ou sur la manière dont les informations sur des sujets particuliers sont ciblées,
captées, triées, et transmises à ceux qui les ont demandées.
 
RFI : Comment fonctionne le réseau Echelon ?
D.C. : La situation est la suivante. La majeure partie des télécommunications internationales, qui passent par satellites ou par
des câbles internationaux, est interceptée et examinée dans une optique d'espionnage. Si certains interlocuteurs ou certains
messages ou certains sujets apparaissent lors de ces communications alors elles sont automatiquement sélectionnées par
ordinateur. Elles sont ensuite transmises de la station d'interception, où qu'elle soit située, vers ceux qui ont demandé cette
information particulière. Et les gens qui peuvent demander ce type d'information, ce sont les services de renseignement, les
ministères de la Défense et des Affaires étrangères, et les ministères du Commerce des pays qui participent au réseau Echelon
(Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). Tout est capté, trié, sélectionné et transmis
automatiquement, c'est peut-être l'aspect le plus effrayant du réseau Echelon.
 
RFI : Quels sont les secrets que veulent percer les pays membres du réseau Echelon ?
D.C. : Une bonne partie des cibles sont militaires et diplomatiques, mais une quantité importante d'informations technologiques
et commerciales est également récoltée. Ils recherchent probablement aussi des informations sur certains produits particuliers,
sur certains projets majeurs, et sur les grands contrats commerciaux. Mais si vous demandez si ces informations sont utilisées
pour rafler des marchés, je ne serai pas catégorique. Quoi qu'en pensent les fervents de la théorie du complot, quelqu'un chez
Boeing ne peut pas décrocher son téléphone, appeler la NSA et dire "nous voulons des informations sur notre concurrent
concernant tel et tel contrat". Ca fonctionne d'une manière différente parce que la NSA s'intéresse à tous les contrats passés
dans le secteur aéronautique. Elle peut donc se trouver en possession d'une information et se dire que ça pourrait avantager les
gens de Boeing s'ils connaissaient cette information. La NSA peut alors décider de donner cette information à Boeing sous la
forme d'un conseil sur la manière d'aborder tel ou tel contrat. Mais ce genre de chose, ça se passe au cas par cas, il n'y a pas
de politique systématique.
 
RFI : Existe-t-il d'autres réseaux comme Echelon dans le monde ?
D.C. : La France dispose d'un réseau de ce type, l'Allemagne également dans une certaine mesure. La Russie maintient en
activité des installations très importantes au nord-ouest de son territoire. Au Proche et Moyen-Orient, beaucoup de pays
disposent de réseaux d'écoute assez puissants et certains de ces réseaux feraient de l'espionnage économique. Plusieurs pays
d'Asie disposent également de systèmes d'écoute, mais principalement dans une optique d'espionnage militaire. Si vous
demandez quel est le palmarès des pays qui écoutent les télécommunications, je dirais les Etats-Unis, suivi par les pays
anglo-saxons, dont la Grande-Bretagne, viennent ensuite dans l'ordre la Russie http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/ech_ru.htm et la France. http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/ech_fr.htm
 
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http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/ech_ru.htm
 
24.02.2000

L'oeil de Moscou sur le Net

Par Sergueï Shargorodsky
 
MOSCOU (AP) -- Les internautes russes sont prévenus: le successeur du KGB espionne sur le Web. ``Demain, vos lettres
d'amour feront verser des larmes à tout le Service fédéral de sécurité'', avertit un bandeau placé sur le réseau. Car la
surveillance d'Internet par les services de renseignement russes, discrètement instaurée en 1998, fait craindre que les
informations recueillies par Moscou ne soient utilisées à des fins de chantage ou d'espionnage économique.
 
Des associations russes de défense des droits de l'Homme affirment que le FSB (ex-KGB) a déjà contraint bon nombre des
350 fournisseurs d'accès russes à installer des équipements de surveillance.
 
``La plupart des fournisseurs d'accès à Moscou, dont tous les grands, et beaucoup en province, ont ouvert le trou'' par lequel
les agents russes peuvent jeter un oeil sur le trafic, confirme Anatoli Leventchouk, expert russe de l'Internet. ``Quand on voit
toutes ces choses dignes d'Orwell, on comprend où on va en venir: le contrôle total, la surveillance totale'', a-t-il récemment
déclaré lors d'un colloque à Saint-Pétersbourg.
 
La semaine dernière, un responsable du gouvernement a reconnu pour la première fois l'existence d'un projet de contrôle
d'Internet, baptisé Système de procédures opérationnelles d'enquête ou SORM-2, son acronyme russe. Mais Alexeï
Rokotyan, chef du département des communications électroniques du ministère de la Communication, a démenti que ce
système ait pour objectif ``un contrôle total de l'information transmise par le biais du réseau mondial.''
 
Les dirigeants du FSB ont apparemment considéré ces mesures comme une simple extension des règles SORM établies au
milieu des années 90, qui autorisent les écoutes téléphoniques et la surveillance du Net. Lors d'une série de rencontres avec les
fournisseurs d'accès au réseau en 1998, les responsables du renseignement russe ont décrit une boîte, installée dans les
ordinateurs des fournisseurs d'accès, qui acheminerait le trafic électronique jusqu'au siège local des services de sécurité.
 
Bien sûr, le système russe n'a pas l'ampleur d'''Echelon'', le sophistiqué réseau d'espionnage anglo-saxon, qui selon un rapport
du Parlement européen est cordonné par l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) et assure une ``surveillance
quotidienne et indiscriminée'' des communications électroniques dans le monde entier. Et le FSB peut, comme ses homologues
étrangers, justifier cette surveillance par ses nécessaires activités de contre-espionnage et de lutte contre le terrorisme, le
banditisme, le marché noir et l'évasion des capitaux.
 
Reste que les défenseurs de la liberté d'expression voient dans le contrôle d'Internet le signe d'une résurgence des services de
sécurité sous l'autorité de Vladimir Poutine. Le président par intérim, vétéran du KGB avec ses 15 ans de bons et loyaux
services, est accusé de rogner les libertés de la presse dont Boris Eltsine s'était fait le champion.
 
La profusion d'enregistrements secrets, cassettes vidéos compromettantes et retranscriptions de conversations téléphoniques
qui circulent en Russie peut en effet laisser craindre des opérations de chantage par d'anciens agents ou quiconque pourrait
tomber sur certaines informations.
 
Le site internet d'Anatoli Leventchouk (www.libertarium.ru) fourmille de témoignages de fournisseurs d'accès de province qui
ont été contraints d'installer un équipement SORM-2. L'un d'eux, Bayard-Slavia, installé dans le sud de Volvograd, a refusé de
céder aux agents des services de sécurité. Ils réclamaient ``l'accès total et incontrolable à tous nos clients et leurs
communications'', raconte son responsable Nail Mourjakanov.
 
Bayard-Slavia a vu sa principale ligne de communication coupée et a été menacé d'amendes par le gouvernement. Mais à
l'automne dernier, il a gagné en justice contre les services de sécurité. Pour les associations de défense des droits de l'homme,
cette confrontation a suffi à persuader plus d'un fournisseur d'accès réticent.

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http://cdcp.free.fr/dossiers/echelon/ech_fr.htm

La France va réagir contre Echelon

A propos du réseau électronique d'espionnage Echelon qui associe les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, le Premier ministre Lionel Jospin, répondant à une question d'un sénateur, reconnaît que cela "constitue depuis plusieurs mois un sujet de préoccupation publique". Il ajoute que le gouvernement a décidé de répondre à "ces développements inéluctables" par une "politique volontariste". "L'interception des systèmes de communication répondent à des besoins de sécurité et de défense importants" a-t-il précisé. L'appel à projets OPIDUM (Offre de Procédés et de ProduIts De sécUrisation pour la Mise en œuvre des autoroutes de l'information) lancé par le secrétariat d'État à l'Industrie, et qui sera clos en janvier, vise notamment à répondre à ce type de préoccupation.

(1998-1999)

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